Laissez-moi vous raconter une histoire.
Celle d’un moment hors du temps.
Qui restera ancré dans vos mémoires.

Installez vous confortablement.
Coupez-vous du monde l’espace d’un court instant.

J’aimerais vous prendre par la main et vous emmener dans un pays lointain.
Vous n’aurez que mes mots et votre imagination pour vous sentir plus proche d’ici bas.
Ici là-bas.
Ou peut-être êtes-vous sensible au timbre de voix ?

Je pourrais vous la conter de vive voix cette histoire. Mais vous n’auriez pas la mélodie nécessaire à votre évasion.
Car cette musique. Cette musique. Ô cette musique.
Elle est imprégnée dans mes tripes tant elle m’habite.

Vous devriez pouvoir vivre vos émotions.
À travers elle.
Les sentir.
Les ressentir.
Battre dans votre coeur.
Au rythme de la mélodie.
Comme des papillons qui virevoltent dans votre for intérieur.
En symbiose.
En harmonie.
Laissez-vous envahir par la puissance de ses notes.
La magie de ses résonances.
Laissez-vous porter au-delà de tout ce que vous connaissez.

Vous êtes prêt ?

Connaissez-vous cette sensation ?
Celle d’un bonheur immense.
Si intense.
Lorsque la joie vous frappe de plein fouet.
En plein coeur.
Les émotions sont tellement violentes qu’elles vous submergent.
Vous vous sentez vivre. Vous vous sentez aimé.
Du plus profond de votre être.
Des larmes, de joie, prennent place dans vos yeux et les font briller.
Ils ont vécu ces yeux-là.
Ils sont chargés d’un passé.
Mais là où vous vous trouvez aujourd’hui.
En train de vivre cette aventure singulière. Si particulière.
Vous réalisez que tout ce que vous avez vécu jusque là, a permis de vous emmener Ici.
Aujourd’hui.
En ce point précis.
Maintenant.
Et pas dans cent ans.

Car tous vos vécus.
Vos expériences.
Vos coups durs et vos moments de doutes étaient nécessaires.
Inévitables.
Prévus peut-être.
Il n’y a pas de hasard dans la vie. Seulement des opportunités.

Imaginez-vous.
Seul sur votre motocyclette.
La route comme seule alliée.
Il fait chaud.
Lourd.
Humide.
Le soleil embellit le monde.
Les enfants marchent en rang sur les trottoirs.
Leurs rires s’élèvent vers le ciel.
Ils vous saluent.
Vous sourient.
Comme si vous étiez la personne qu’ils chérissent le plus dans leur vie.
Leurs sourires innocents. Tellement vifs. Emplis de joie.
Ils vous renvoient à votre enfance.
À vos souvenirs heureux.

Une brise légère vous caresse la nuque. Vous fait frissonner de l’intérieur.
Vous avez un peu peur de prendre de la vitesse car vous êtes encore en phase d’apprentissage.
De cette vie à deux roues.
Celle dont vous rêviez au travers de votre petite lucarne télévisée.

Vous traversez ce morceau d’existence avec cette musique beaucoup trop forte dans les oreilles.
Vous ne savez pas trop où vous allez mais vous faites confiance à votre sens de l’orientation peut-être inné.
Vous tracez votre chemin à la recherche d’évasion.
De dépaysement.
D’immensité.
Vous prenez de l’assurance et accélérez petit à petit.

La vitesse.
Vous.
Face à l’infini.

Les paysages défilent.
Vous ne faites plus qu’un avec votre bécane.

Et là,
De virages en virages.
Entre les bananiers et les cocotiers.
À l’ombre de cette forêt mystérieuse.
Vous voyez au loin la route se dégager.
Vous sentez l’appel des grandes plaines.
L’odeur du bois brulé envahit vos sens.
Les klaxons lointains résonnent encore dans vos oreilles.
Mais cette beauté soudaine à la lisière de cette jungle urbaine vous plonge dans un monde où le bruit ambiant ne vous atteint plus.

Et puis,
Après cette montée abrupte.
La main droite crispée sur l’accélérateur.
Vous imaginez la libération.
Tout là-haut.
Sur la colline.
Juste un dernier effort.
Vous y êtes presque.
Votre moto ne va pas vous lâcher.
Elle peine à l’escalader cette montagne mais la récompense est si proche.

Quand enfin,
Les ombres laissent place à ces étendues magnifiques.
Des rizières d’un vert émeraude.
De tous les côtés.
Baignées de soleil.
Balayées par l’alizé.
Encore alourdies par les quelques gouttes de rosée matinale.
Quelques oiseaux virevoltent dans le ciel.
Pas l’ombre d’un orage à l’horizon. Ni même d’un nuage.

Cette délivrance, vous la sentez.
Vous la vivez en cet instant.
Celle où tous vos muscles soudainement se détendent.
Celle qui vous fait remuer légèrement les épaules pour vous relaxer.
Respirer à pleins poumons l’air vous frappant violemment le visage.
Et être pleinement conscient de toute la magie du moment présent.
Ces grandes bouffées d’oxygène.
Vous vous sentez envahi de toutes parts.
Par cette vivacité.
Cette énergie vivante qui circule dans vos veines.
Bien au-delà de vos tripes.
Au plus profond de votre être.
Ces campagnes sans fin qui s’offrent à vous.
Vous les vivez de l’intérieur.
Elles vous nourrissent.
Vous abreuvent.
Vous vous sentez vivre.
Exister.
Être bien vivant.
Assoiffé de liberté.
C’est plus qu’une sensation.
C’est bien réel.
Vos pieds ne sont peut-être pas ancrés dans le sol.
Mais vous appartenez à ces terres.
C’est votre destinée d’être ici.
Maintenant.
Aujourd’hui.
Quelle richesse de pouvoir profiter de ces magnifiques perles de vie.
Ces instantanés.
Parfois si insignifiants.
Ceux qui nourrissent votre existence.
Qui font que demain vous ne serez plus la même personne.

Et enfin,
Avec les oiseaux pour seuls témoins.
Vous sortez ce cri.
Longtemps enfoui dans l’oubli.
Ces mots non prononcés depuis si longtemps.
En pensant à Vous.
En pensant peut-être à Lui.
Ou peut-être à Elle.

Et vous criez « Je t’aime ».

Et ces mots résonnent encore dans leurs oreilles.

#baliventure